L'année dernière, au cours d'un stage de formation, une praticienne a posé cette question, ô combien dérangeante : "Et qu'est-ce qu'on fait si le client dit qu'il se souvient d'un évènement d'une vie antérieure ?"
Un ange passa, les bras chargés de suaires fraîchement repassés.
Je n'ai pas conservé en mémoire tous les mots exacts, mais je me rappelle que dans un premier temps, la personne à qui était posée la question répondit que ces pseudo-souvenirs étaient une perte de temps. Et puis, comme les cours théoriques nous avaient enseigné qu'il fallait "accepter ce que le client disait", elle a adouci son propos : "Laissez-le parler, si ça lui fait plaisir, mais n'en tenez pas compte." Le tout ponctué d'une moue amusée et d'un haussement d'épaules.
Cela m'a rappelé une prof, il y a des années, qui m'avait dit, en parlant des gens que j'étais censé écouter et aider : "Mais Alain, ne vois-tu pas que c'est des conneries, ce que les coachés racontent ?"
Je la revois, avec son air hilare comme si elle m'en apprenait une bien bonne, à moi, l'élève naïf. J'entends encore son anglais, teinté d'accent suisse allemand : "It's just bullshit, what they say, it's just crap !" (C'est juste des foutaises, ce qu'ils racontent, c'est juste des conneries !)
Et pourtant, ce professeur était une personne généreuse, intelligente.
Je me souviens aussi d'un évènement qu'une amie avait vécu en psychanalyse. Elle est là, allongée sur le divan, à parler de ce qui lui tient à cœur, les paupières closes, et elle entend un froissement suspect, alors elle ouvre les yeux… et voit son psychanalyste en train de feuilleter un magazine.
"Mais vous lisez !" s'indigne-t-elle.
"Euh, non, je vous écoute, poursuivez", fait l'autre en reposant sa lecture d'un air gêné.
Il semblerait que cette philosophie du "cause toujours" ne soit pas rare dans les métiers du service de communication à la personne.
Maintenant, peut-on aider quelqu'un que l'on ne comprend pas ?
Peut-on comprendre ce qu'on juge inintéressant ou, ce qui est pire, hallucinatoire ?
Esprit fermé, ouvre-toi !
Je peux concevoir que ce sujet d'une vie après la mort, ou avant la naissance suivant l'angle considéré, heurte les a priori de certains praticiens. Mais alors que la physique quantique laisse entrevoir la probabilité d'une conscience intemporelle, pourquoi ne pas faire preuve de psychosouplesse ?
Je viens de l'inventer, c'est l'inverse de la psychorigidité.
J'ai souvent entendu des clients me raconter des "souvenirs" qui n'étaient pas issus de leur vécu courant. Eux-mêmes en étaient souvent les premiers surpris : "J'ai dû voir ça dans un film… ou dans un livre."
Je m'abstiens de les contredire.
Étrangement, ces images sont parfois accompagnées de réactions émotionnelles ou physiques. Aussi, exhumer ces mémoires "imaginaires" résout des conditions que des souvenirs conventionnels n'ont pas soulagées.
Si l'action d'imaginer de faux traumatismes résout de vrais problèmes, et que tout ça n'est finalement qu'un placebo, cela laisse songeur à propos de ce qu'est un placebo, et des principes psychologiques, biologiques ou quantiques qui interviennent grâce à lui.
Il arrive aussi que des coachés racontent des expériences de leur vie présente, mais qui dépassent le cadre des croyances ordinaires, ce que la majorité considère comme "possible". Par exemple, des sensations de dédoublement où leur conscience se dissocie de leur corps.
Il y a une coïncidence troublante dans le fait que certains prétendent avoir vécu une dissociation de leur conscience d'avec leur corps, tandis que d'autres se souviennent d'évènements que ce corps n'a pu vivre, puisqu'il n'était pas né.
Par un curieux hasard, ces deux phénomènes pointent en direction d'une conscience et d'une mémoire intemporelles.
J'ai connu une personne dont la vie avait été détruite par ses proches, parce qu'elle avait commis l'imprudence de raconter certaines expériences "anormales" qu'elle avait vécues. Elle s'est retrouvée internée en psychiatrie.
Alors qu'en Inde, au Tibet ou dans d'autres cultures moins coupées de leurs racines, cette personne aurait été respectée comme un saint, un maître spirituel ou un personnage aux dons exceptionnels.
À force d'entendre ces récits non conventionnels, ma conception de la vie s'en est trouvée élargie. Parfois, ces expériences m'étaient rapportées par des gens étrangers à toute forme de littérature philosophique, spirituelle, New Age, etc.
Souvenirs personnels ou "téléchargés" ?
On trouve de nombreuses littératures et documentations sur ces sujets.
Beaucoup de gens ont des images évoquant un cadre historique d'avant leur naissance.
Ces souvenirs sont-ils les leurs, ou bien sont-ils des expériences d'autres consciences ayant vécu jadis ?
Les coachés seuls le savent, quand ils le savent.
Peut-on avoir accès à des "mémoires" autres que la sienne ?
Étonnamment, ces "mémoires" affectent la personne comme s'il s'agissait d'un vécu personnel, bien qu'à des degrés variables. Ces souvenirs peuvent être sous forme d'images, de sensations, d'idées, d'émotions, voire de phénomènes physiques tels que des douleurs ou des pathologies.
Je me rappelle cette personne qui me racontait un "souvenir" de noyade sur une galère romaine… au fur et à mesure du récit, la peau de ses mains se creusait de crevasses et gerçures, puis à mesure que l'émotion liée à ce récit s'estompait, elles ont disparu en laissant une peau parfaitement lisse. Tout cela dans une pièce bien chauffée, en l'espace d'une heure.
Ou cette autre qui, arrivée en boitant douloureusement, est repartie en galopant dans l'escalier après avoir raconté une histoire d'incarcération sous le règne du roi Louis XI, avec ses "fers à crampes", ses tristement célèbres "fillettes".
Je n'ai pas objecté. Je n'ai pas souri. Je me suis rappelé Hamlet, de Shakespeare :
Horatio et Marcellus, bien que mis en garde de ne pas le faire, interrogent Hamlet sur la conversation qu'il a eue avec le fantôme de son père.Les questions de memory coaching sont neutres, elles ne suggèrent pas ces réponses étranges.
Horatio : Ô, par le jour et la nuit, mais quel prodige étrange !
Hamlet : Comme à tout étranger, souhaitez-lui donc la bienvenue. Il y a plus de choses dans le ciel et sur terre, Horatio, qu'il n'en est rêvé dans votre philosophie.
"Rappelez-vous un moment où vous ressentiez cette même anxiété…"
"Quand vous pensez à cette difficulté, quelle image cela vous suggère-t-il ?"
"Qu'est-ce qui vous est venu à l'esprit ?"
"Que voyez-vous ?"
"Que vous évoque cette situation ?"
"Dites-moi la première idée qui vous vient à l'esprit instantanément sans réfléchir."
Il est étonnant de voir ce que recèle l'esprit, lorsqu'il se laisse aller, sans s'imposer une censure, et qu'il s'aventure en dehors des ornières quotidiennes.
Mémoire corporelle
Le corps de la personne, cet "objet" très proche, possède aussi sa propre mémoire. C'est celle qui est utilisée lorsqu'il marche, fait du vélo, conduit une voiture.
Je me souviens d'un jour où j'avais sauté d'un premier étage. Je pensais que la distance était raisonnable, mais elle était plus grande que prévu et, durant un instant qui paraissait trop long, j'ai vraiment eu peur.
Lorsque mes pieds sont rentrés en contact avec le sol, sans que je le veuille, les muscles se sont relâchés, les jambes ont fléchi et j'ai roulé sur le trottoir.
J'ai appris plus tard qu'un parachutiste apprenait ces gestes, lors de son entraînement. Je n'ai jamais fait de parachutisme. Un ami a sauté juste derrière moi depuis la même fenêtre. Il s'est cassé le pied.
Nous savons marcher, faire du vélo ou conduire un véhicule parce que notre corps a appris ces mouvements jusqu'à les reproduire de façon automatique. C'est une mémoire corporelle dans laquelle la conscience volontaire n'intervient pas.
Il y a donc une distinction entre la mémoire du corps et celle de notre conscience profonde, intime, qui occupe ce corps.
Dissocier les deux a des vertus antistress. Confondre les deux est source de mal-être.
Mémoires externes
Comme expliqué dans l'article Je suis nous et je le vis très bien, il semble qu'il y ait des mémoires qui n'appartiennent pas à la personne elle-même.
Tout se passe comme s'il y avait des mémoires attachées aux objets ou espaces avec lesquels la conscience est entrée en contact.
Les objets plus éloignés que le corps, lieux d'habitation, lieux de travail, zones d'environnement, paraissent contenir leurs propres souvenirs. On retrouve aussi ce thème dans la littérature :
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?
Milly ou la terre natale,Alphonse de Lamartine
Nous étions en vacances, au milieu d'une verdure magnifique, près d'une jolie rivière, détendus, sans le moindre souci personnel…
Ces images et impressions ont disparu en quittant l'endroit.
Peut-on avoir des souvenirs à soi, et des souvenirs "autres", que ce soient ceux du corps, ou des espaces plus distants ?
En prolongeant cette réflexion, pourrions-nous télécharger des fragments de mémoire venant de personnes avec qui nous sommes ou avons été "liés" ? Une contagion mémorielle qui peut s'avérer bénéfique ou nocive, suivant les cas.
La vie est interconnectée avec la vie, les scientifiques le découvrent de plus en plus. Témoin, ce magnifique livre de Peter Vohlleben, La vie secrète des arbres.
Les citadins regardent les arbres comme des "robots biologiques" conçus pour produire de l'oxygène et du bois. Forestier, Peter Wohlleben a ravi ses lecteurs avec des informations attestées par les biologistes depuis des années, notamment le fait que les arbres sont des êtres sociaux. Ils peuvent compter, apprendre et mémoriser, se comporter en infirmiers pour les voisins malades. Ils avertissent d'un danger en envoyant des signaux à travers un réseau de champignons appelé ironiquement "Wood Wide Web" [Toile Internet du Bois]. La critique allemande a salué unanimement ce tour de force littéraire et la manière dont l'ouvrage éveille chez les lecteurs une curiosité enfantine pour les rouages secrets de la nature.Aussi farfelues que paraissent ces théories, le concept d'intrication [entremêlement], défini par la physique quantique, expliquerait ce phénomène. Les particules et les énergies, comme les électrons ou les photons, communiquent entre eux à distance, sans que rien ne se déplace de l'un vers l'autre, ce qui transgresse les lois conventionnelles de l'espace-temps.
L'insoutenable légèreté des "sans-mémoire"
Dans mes séances, j'ai observé une catégorie particulière de coachés qui n'ont aucun souvenir imagé qui leur appartienne en propre. L'esprit de ces personnes fonctionne comme une ardoise magique. Il ne mémorise rien de façon persistante.
Ces personnes ont un "courant d'air dans la tête". Tout glisse, tout passe, tout s'évapore. Ce n'est pas de l'amnésie. Elles gardent une certitude intuitive des évènements vécus, mais pas de souvenirs imagés. Elles ne s'attachent pas au passé.
À l'inverse, beaucoup de personnes qui ne vont pas bien, du fait de traumatismes passés, en conservent des images obsédantes, persistantes. Elles "accumulent".
Ceux que j'appelle les "sans-mémoire" ne conservent pas les souvenirs sous cette forme pesante.
On pourrait croire que ces privilégiés ont de la chance et qu'ils ont tout pour être heureux, mais ce n'est pas si simple. Leur mode de fonctionnement particulier les place en porte-à-faux avec l'environnement, en décalage avec les modes de communication habituels. Pour cette raison, ces gens peuvent apparaître comme des inadaptés sociaux.
Dans un environnement scolaire, ils ne mémorisent pas les cours ou les leçons. Ils intègrent ce qu'ils comprennent sous forme de savoir non imagé et non audio. Dès qu'ils comprennent, ils savent. C'est un processus instantané qui ne fonctionne que si le professeur dispense un enseignement compréhensible. Dans un système scolaire basé sur la mémorisation d'informations mal comprises, un tel enfant sera handicapé.
Jouer les perroquets qui répètent des formules sans savoir ce qu'elles signifient ne l'intéresse pas. En fait, son esprit très cohérent, véritable montre de précision, se bloque au moindre grain de sable, à la moindre donnée incompréhensible fournie par l'environnement scolaire, familial ou social.
N'essayez pas d'imposer les choses à un tel enfant. Expliquez. Et s'il ne comprend pas, expliquez davantage. Jusqu'à ce qu'il comprenne. Il n'est pas idiot. Son problème, c'est qu'il est trop intelligent, et l'environnement lui présente des situations qui lui paraissent insensées, contradictoires, en conflit avec d'autres informations déjà acquises.
Franchement, si l'on regarde la vie que nous menons dans cette société avec un tant soit peu de recul et de lucidité, il est difficile de lui donner tort.
Sans compter que l'enseignement dispensé dans la plupart de nos écoles contribue à sa confusion mentale. Il a des centaines, peut-être des milliers, de questions non répondues. Si bien que lorsqu'il rentre à la maison, son esprit sous pression a besoin de se détendre, ou de se défouler. Et ce ne sont pas les devoirs à faire ni les leçons à "apprendre" dans des matières incomprises qui vont l'y aider.
Après ça, les parents déboulent, stressés, énervés par cette vie frénétique qu'ils se sont construites, pour le mitrailler d'ordres et de directives plus ou moins compréhensibles. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Il se rebelle. Le ton monte, les punitions tombent, pas plus compréhensibles que le reste. Ses parents sont supposés l'aimer, l'aider, le comprendre.
Il ne comprend pas et il n'est pas compris.
La compréhension est la clef. Expliquez-lui, avec un maximum de sincérité. N'ayez pas peur de dire des choses qu'il ne peut pas comprendre parce qu'il est soi-disant trop jeune. C'est l'inverse. Il ne comprendra pas si vous ne les dites pas, ces choses. Fournissez-lui un maximum d'informations, qu'il ait vraiment tout le contexte.
Que ce soit pour le convaincre d'aller se coucher alors qu'il déborde d'énergie, ou pourquoi il devrait être silencieux le matin quand vous voulez dormir. Et pourquoi vous avez autant besoin de dormir, parce que vous êtes déprimé(e), parce que vous n'aimez pas votre travail, mais que vous êtes obligé(e) de le faire, sinon tout le monde se retrouvera à la rue, et il perdra sa chambre. Et que c'est aussi pour ça qu'il doit travailler à l'école, même si ce n'est pas intéressant, pour avoir un travail qu'il aimera plus tard. Expliquez. Expliquez "pourquoi", expliquez "comment", expliquez le "pourquoi du pourquoi", et le "pourquoi du pourquoi du pourquoi".
Vous n'avez pas le temps ? Prenez-le. Vous y gagnerez un enfant dont l'intelligence augmentera jusqu'à pouvoir comprendre et accepter l'irrationalité de ce monde. Vous y gagnerez qu'il sera en bien meilleure santé. Mieux, vous y gagnerez une confiance et un amour qui vous rembourseront au centuple.
Faites preuve d'impatience, essayez de le dresser comme un animal en usant de force plutôt que d'intelligence et, tôt ou tard, vous perdrez son amitié et son respect. Une fois adulte, il ne sera pas de ceux qui fréquentent leurs proches par respect des convenances ou qui vouent un culte à l'ADN.
Soyez son ami(e) ou apprêtez-vous à le perdre un jour.
Des rayons de soleil dans un monde obscur
J'ai lu un peu de cette littérature au sujet des "enfants indigo", starseeds [graines d'étoile], cristal, diamant, et autres éveillés spirituels. Ces étiquettes sont surtout attribuées à des enfants, mais des adultes rentrent aussi dans cette catégorie, puisqu'il semblerait que la présence de ces individus différents remonte, sans qu'on sache pourquoi, aux années 70.
Les enfants indigo sont appelés ainsi parce qu'ils posséderaient une aura de cette couleur, signe d'une vibration spirituelle plus élevée. Je ne sais pas ce qu'est une "aura". Je n'en ai jamais vue.
Ce qu'on perçoit, par contre, c'est que certaines personnes ont un espace clair, lumineux, rayonnant, comme ces auréoles ou ces gloires qu'on voit sur les vitraux d'église, les illustrations bouddhistes ou hindoues, tandis que l'espace d'autres gens paraît plus gris, plus sombre. Toute personne dotée de sensibilité empathique peut percevoir ces nuances énergétiques.
Les sans-mémoire dégagent cette impression de luminosité. Peut-être que l'absence d'amas mémoriels solides explique cette clarté intérieure qui se reflète autour d'eux.
Mais si ces êtres ne s'attardent pas sur un passé qui s'efface au fur et à mesure, quel est le problème ?
Si leur esprit est dépourvu de pollution mémorielle, leur corps est sujet à l'accumulation mémorielle. Les souvenirs enregistrés par ce corps avec lequel l'entourage les identifie.
Cet amalgame conscience-corps crée une confusion.
Exemple :
"Amandine, tu n'as pas l'air bien…"
Si, Amandine va très bien, c'est son corps qui a faim ou qui subit l'influence de ses propres mémoires corporelles. Mais l'être conscient qui occupe ce corps, lui, ne se sent pas concerné.
Aussi étrange que ça puisse paraître, le "tu n'as pas l'air bien" est ressenti comme un mensonge, ce qui génère un stress. Si cette erreur est répétée, elle peut devenir source de bouleversement. Ce n'est pas la mémoire personnelle qui accumule ce stress, mais la mémoire corporelle que l'être conscient s'attribue par erreur.
Avez-vous déjà eu une difficulté physique, tout en ayant le sentiment que vous-même, l'être conscient, vous alliez bien ?
Si ces idées vous évoquent des délires mystiques sans fondement, lisez l'article Biocentrisme, ou Quand la matière danse avec l'esprit. Vous y trouverez des éclaircissements.
Pour en revenir à ces personnes non conventionnelles, leur principal problème semble être le regard dévalorisant de l'entourage sur leurs différences, lesquelles différences ne sont pas des défauts, mais des qualités mal comprises, mal interprétées, par les autres.
Après quoi, par contagion, le sans-mémoire finit lui-même par adopter ces points de vue réducteurs. Et c'est alors que ses ennuis commencent vraiment.
Mayday ! Mayday ! Nous perdons de l'altitude
Un jeune enfant a sa conscience peu "accrochée" au corps nouvellement acquis. Résultat, il ne "fait pas attention", est "tête en l'air", se cogne, tombe…
On pourrait dire que son esprit, sa conscience "plane", est dans les nuages, dans la lune.
À force de chocs, douleurs, blessures, remontrances pour qu'il "fasse plus attention", l'esprit va se retrouver de plus en plus riveté et boulonné à son corps.
Quand ce stade sera pleinement atteint, nous aurons un adulte qui a "les pieds sur terre". Il est bien accroché à son corps, au point de s'y sentir étouffer.
Du coup, il n'aspire plus qu'à une chose, s'en évader. En allant perdre son regard (sa conscience) dans les grands espaces (mer, montagne, campagne, désert, contrées lointaines). Quitte à prendre des psychotropes pour "planer", regagner une sensation d'espace, de liberté. Voyage, voyage.
Les jeux vidéo (s'échapper dans des espaces virtuels) sont un remède à cette sensation d'emprisonnement.
"J'ai jamais eu les pieds sur terre, j'aimerais mieux être un oiseau, je suis mal dans ma peau", chantait Balavoine dans son SOS d'un Terrien en détresse.
Une étude statistique faite sur les Français, en réponse à la question (mal conjuguée) "Pensez-vous qu'il est possible de voir son propre corps de l'extérieur ?" donnait les résultats suivants :
- Oui, certainement, 11 %
- Oui, probablement, 30 %
- Non, probablement pas, 26 %
- Non, certainement pas, 32 %
41 % des Français interrogés admettent implicitement que la conscience et le corps sont deux entités distinctes.
58 % des Français ont leur conscience tellement soudée à leur corps qu'ils ressentent ces deux entités, le corps et l'esprit, comme une seule et même chose.
41 % de gens qui ont une perception, même vague, de leur nature immatérielle !
C'est beaucoup, dans un pays réputé pour son matérialisme et son scepticisme. Nous ne sommes ni en Inde ni au Tibet, ni chez les aborigènes d'Australie, ni en Sibérie animiste, ni dans aucune de ces nombreuses cultures pour qui la notion d'esprit est une évidence, comme chez les Amérindiens.
Cependant, dans cet article, je ne parle pas de voir son corps de l'extérieur, mais seulement de ressentir une distanciation. Une expansion du champ de conscience autour du corps, une impression de détachement. Un premier degré de dissociation dont beaucoup de gens, qui ne sont pas trop "coincés", ont fait l'expérience.
Les observations complètes du corps depuis l'extérieur ont surtout été rapportées par des gens qui avaient vécu des expériences de mort imminente, des transports mystiques ou des "voyages" (trip) sous drogue.
Sur ce blog, au risque d'être impopulaire, j'ai souvent cassé du sucre sur le dos des psychotropes comme le cannabis et l'alcool.
Ces substances génèrent, au moment du high (montée), une sensation de détachement entre l'esprit et le corps, l'impression de planer qui éloigne les difficultés émotionnelles et les stress. En vertu de certaines propriétés anesthésiques, les psychotropes inhibent la communication entre la conscience et la mémoire corporelle. C'est ce qui rend la conduite d'un véhicule dangereuse.
À la redescente (down), le phénomène inverse se produit. L'esprit "atterrit", en fusionnant davantage avec le corps. Cet "atterrissage" ressemble plus souvent à un crash qu'au fait de se poser en douceur. D'où la "gueule de bois", les migraines, sensations de lourdeur, impressions d'empâtement, d'effort, d'écrasement.
Certains maux de tête sont liés à cet excès de fusion entre le champ de conscience et le corps. Relâcher son attention, la "laisser flotter" au-dehors, comme si on cessait de regarder les choses, soulage ces tensions. Ce relâchement implique qu'on accepte la sensation vaporeuse qui en découle, avec l'environnement qui tend à devenir flou, imprécis, moins solide.
Le mal de tête aussi, dans ce cas, devient moins solide.
Coach selfie
Je ne consomme pas de substances psychotropes. Je bois très rarement de l'alcool. Quelques verres de cidre, une coupe de champagne à Noël, au Nouvel An, parfois une bière ou un verre de vin lors d'un bon repas au restaurant. Je ne prends jamais de médicaments. Ma dernière consommation de drogue "récréative" remonte à 1975.
Par contre, mon travail personnel sur la réduction des solidités mémorielles m'a amené à être très détaché du corps. J'ai constamment la sensation de planer, flotter, dans un état de détachement agréable, confortable.
Je peux réduire ou intensifier ce phénomène à volonté, suivant les activités et les besoins.
Je ne sais pas ce qu'est un mal de tête.
Lorsque j'ai passé une nuit blanche, comme je maintiens mon point d'observation à distance du corps, je ne sens pas la fatigue.
Cet état a d'autres conséquences, comme une extrême empathie. Mon attention étant très "étalée" dans l'espace, elle imprègne ce qui m'entoure, les choses comme les êtres. Dans cet état, j'ai ressens fortement ce que ressentent les autres, leurs émotions, leurs impressions. Ce n'est pas toujours facile à gérer. Cela m'a posé problème dans le travail en entreprise où beaucoup de gens sont entassés dans un espace confiné, avec des tensions, des conflits, etc. J'ai trouvé la parade en 2011, mais c'est un autre sujet qui mériterait un autre article.
En conclusion, ma vision de l'esprit détaché du corps n'est pas une conception philosophique, mystique, une croyance religieuse, ni même une construction intellectuelle. C'est une réalité concrète, observable, que je vis au quotidien.
Bien sûr, un matérialiste pur et dur conclurait que je ne suis pas redescendu de trip depuis les années 70, ou que "je suis tombé dans la marmite d'un druide quand j'étais petit".
Les dates ne correspondent pas. J'ai commencé d'expérimenter cet état de détachement extrême, de légèreté, à partir de 1985, suite à des séances de coaching mémoriel sur des sujets précis.
Dans la foulée de ce travail, j'ai perdu des "allergies" soi-disant nerveuses (dixit un dermatologue) qui m'ont empoisonné l'existence durant des décennies.
Les "mémoires" concernées, sujet de ce travail, avaient toutes trait à des images d'incendie, d'explosions, de feu, de flammes, de fumée, d'odeurs de brûlé, de brûlures, de pansements.
Coïncidence bizarre, que je n'ai réalisée qu'une fois les allergies disparues, je suis né dans un hôpital réputé pour son service de soins aux grands brûlés.
Des artistes étranges venus d'ailleurs
Pour finir, je vous propose un petit exercice d'observation.
Il est difficile de se tenir sur scène, face au public, ébloui par les projecteurs, avec le son des enceintes de façade (face au public) qui rebondit sur les parois de l'auditorium, avant de se mêler (décalé) à la musique diffusée par les enceintes de retour (tournées vers les chanteurs, la seule source sonore qu'ils doivent écouter, en théorie). Plus facile à dire qu'à faire. Les artistes sont supposés trouver leurs repères, rythmiques et mélodiques, au sein d'un nuage de décibels mouvants.
Une performance live est une corde raide pour les musiciens et les ingénieurs du son, raison pour laquelle les chaînes de télévision diffusent surtout du play-back où les interprètes font semblant de chanter, tandis qu'un enregistrement studio passe dans la sono.
En live, les chanteurs, chanteuses, choristes, doivent deviner, au milieu d'un brouhaha réverbéré, les notes de l'accompagnement pour caler leur voix dessus avec la plus grande précision, sous peine de chanter faux. C'est pourquoi ils ont parfois une oreillette, mais cela ne contrebalance que partiellement les sons ambiants.
Et puis, il y a cette sensation très forte d'être observé, comme une cascade qui vous asperge, venant de la foule qui braque son attention sur vous. Si face à ce Niagara énergétique, vous n'avez pas assez de force pour cramponner votre propre conscience à l'espace environnant et que vous la laissez "être emportée" par tous ces regards, vous devenez auto-conscient et le trac vous envahit.
Après ça, bien sûr, les chanteurs ou chanteuses doivent se souvenir de leur texte malgré la tension produite par cette situation à laquelle ils sont peu préparés. Répéter en studio pendant des centaines d'heures n'a rien à voir avec la performance sur scène, laquelle passe trop vite pour qu'on ait le temps de s'y habituer. Un concert est trop court pour constituer un bon entraînement.
Une fois que vous maîtrisez tous ces paramètres, il ne vous reste plus qu'à connaître votre chanson sur le bout des doigts, après avoir parfaitement travaillé votre voix, cet instrument à vent complexe qui fait intervenir les cordes vocales, le diaphragme, la respiration, la position du buste, des jambes, des pieds.
Quand vous gérez tout cela avec virtuosité, évitez d'avoir l'air d'un pantin figé, inexpressif. Donc si vous le permettez, rajoutons l'apprentissage de la gestuelle, manières de scène, mouvements des mains, expressions faciales, bouger en rythme, avec grâce, s'il vous plaît, tout en projetant de réelles émotions, aussi bien dans la voix que dans la chorégraphie, aussi minimaliste soit-elle.
J'ai peut-être oublié quelques éléments qu'un professeur de chant ou un chorégraphe ne manqueraient pas de me rappeler, mais je pense que vous avez saisi l'idée.
Alors, je vous laisse imaginer les milliers d'heures de travail nécessaires pour devenir un artiste qui se produit sur scène avec talent et assurance. Milliers d'heures peu compatibles avec un programme scolaire. Pour beaucoup d'artistes de métier, c'est le travail de toute une vie d'adulte, avant d'acquérir une pleine maturité artistique.
Gardez tout cela à l'esprit en regardant cette vidéo que je vous conseille de visionner en entier, en mode plein écran, avec un casque audio ou de bonnes enceintes, pour saisir le contexte dans ses moindres nuances.
Ensuite, posez-vous cette question : "Où, quand et comment ces enfants ont-ils appris tout cela ?"
Beaucoup d'émotion et surtout un des premiers gamins qui a chanté une chanson avec sa propre interprétation et non pas comme le chanteur et là pour moi c'était vraiment un très grand artiste. Mais il est vrai quelle assurance MONTRENT tous ces enfants et ados et que vont-ils devenir?
RépondreSupprimerL'idée d'un don inné serait donc totalement erronée ?
RépondreSupprimer"Inné", que l'on possède dès la naissance.
SupprimerDonc, je ne dirais pas erronée, juste mieux comprise.