samedi 13 mai 2017

Mode : cette année, la camisole se portera bien serrée sur la tête

 

Il y a des ressemblances entre l'esprit humain et l'ordinateur. Rien d'étonnant à cela, puisque le premier a créé le second pour effectuer des opérations logiques à sa place.

Chez l'être humain, c'est l'esprit qui effectue ces calculs.

Pas le cerveau (voir Quand la mémoire prend le large).

Les voix mentales, qu'on entend à l'intérieur ou à proximité de sa tête, confèrent l'illusion que le cerveau est l'organe de la pensée. Mais ces "voix" ne sont pas un mode de pensée optimum. Elles sont différentes de l'imagination qui est "spatiale", en 3D, dans l'espace autour de la personne, et elles ne constituent pas non plus son savoir instantané.

Qu'est-ce que le "savoir instantané" ?

Dans l'idéal, quand on demande son nom à une personne, elle répond instantanément sans qu'une voix intérieure lui souffle la réponse en mode audio. Elle sait, un point c'est tout. La réponse est directe, sans vocalisation interne. Quand elle conduit un véhicule (toujours dans l'idéal), elle ne se dit pas, pour chaque action : "Là, je débraye… puis je passe la quatrième… Ah ! Tiens, il y a un stop, je vais m'arrêter…" Pour marcher, elle n'a pas besoin de vocaliser intérieurement : "Bon, je lève la jambe droite, en m'appuyant sur la gauche… bien, maintenant, je repose ce pied, et je m'apprête à lever l'autre…" Non, elle sait instantanément, et le corps agit en conséquence. Pareil pour des milliers d'activités, physiques ou intellectuelles. Même la parole : les mots et les phrases se constituent à la vitesse de l'éclair et sortent du larynx et de la bouche en faisant jouer de nombreux muscles et organes, sans qu'on ait besoin de se le dire au préalable. Le langage d'une personne lettrée assemble un vocabulaire riche, selon des règles syntaxiques complexes, avec une précision qu'aucun ordinateur ou logiciel n'a réussi à reproduire à ce jour. C'est du savoir instantané. Pas besoin de vocaliser : "Alors, je mets un sujet, le pronom je, puis le verbe voir que je conjugue au conditionnel présent… avec un adverbe, et comme complément d'objet direct, je verrais bien le mot mot."

Avant chaque action, il y a des pensées ou des intentions, mais elles sont si rapides, si fluides, constituées d'une énergie si impalpable, qu'on ne les voit pas, qu'on ne les entend pas, c'est à peine si on les perçoit. On pourrait presque croire qu'elles n'existent pas, que c'est juste le corps, la machine, le hardware [matériel], qui fait tout cela de façon automatique, sans aucune pensée ni intention en arrière-fond.

Les ondes wi-fi ou les ondes d'un téléphone portable, on ne les voit pas et on ne les entend pas non plus. Tout comme les micro-ondes d'un four, qui sont invisibles et inaudibles. Le bruit qu'on entend, ce ne sont pas les ondes, c'est celui de la machine qui les émet. Pourtant ces énergies existent, et à l'heure où vous lisez ceci, elles dirigent le monde.

Lorsqu'il y a des vocalisations intérieures, c'est que l'esprit de la personne est parasité par des mémoires étrangères à sa personnalité fondamentale (voir Je suis nous et je le vis très bien).

Beaucoup de gens ont ces voix intérieures à des degrés divers. Mais leur trop grande influence révèle une condition psychique "morcelée", accompagnée de ces symptômes fréquents : ruminations, débats intérieurs, difficultés à être "soi-même", problèmes d'intégrité, difficulté de "savoir ce qu'on veut", inquiétude, nervosité.

Rien ne réveille davantage ces voix que de fonctionner sur la base d'informations fausses.

Tout comme en mathématique ou en logique, un problème, pour être résolu, nécessite d'avoir les données correctes. Lorsque des informations erronées sont incluses dans l'énoncé du problème, l'ordinateur humain peut fonctionner jour et nuit, à plein régime, sans jamais trouver la solution.

Ces calculs, basés sur de fausses données, aboutissent à des résultats inexacts, qui seront inclus dans les futures équations, suscitant des problèmes plus ardus, produisant plus de réflexion. C'est une réaction en chaîne. De plus en plus de ressources seront mobilisées, en tâche de fond (inconsciemment), et cela réveille de nouvelles voix mentales qui se joignent à la cogitation d'ensemble. L'insomnie va souvent de pair avec cette situation.

Enregistrer (accepter, admettre) une information, théorie, idée fausse est aussi déstabilisant pour l'esprit humain qu'un virus pour un ordinateur.

À l'ère de l'information, nous sommes mitraillés de données, messages, communications, interprétations, évaluations, théories, etc.

Combien sont vraies ? Combien sont fausses ?

Les ordinateurs possèdent un langage machine particulier, composé de 0 et de 1.

Les voix mentales utilisent la langue natale de la personne, sous forme de mots (sons).

L'esprit, le champ de conscience qui perçoit et ressent, se sert d'une énergie subtile, des ondes de très haute fréquence, plus rapides et plus légères que les représentations audio et vidéo de l'imagination, plus instantanées que le système de communication audio des "voix" intérieures.

Tout comme pour un ordinateur, les lignes de code (pensées) peuvent être bien ou mal écrites.

Certaines pensées sont correctes : si la personne les met en application, elles aboutissent à un résultat positif, ouvrent la porte à des solutions.

D'autres idées sont erronées, contiennent des instructions inadéquates, et la personne qui les utilise pour décider, agir, se retrouve avec des résultats négatifs, comportant des erreurs, et des actions impropres à son bien-être. Dans les cas extrêmes, elle tombe malade.

Si certaines "programmations" comportent des erreurs, si les "logiciels" d'un être humain, ses systèmes de pensée, sont incohérents, mal conçus, contiennent du code "mal écrit", il y aura des bugs, des plantages et des crashes du système. Dans la vie, cela se traduira par des réactions inappropriées aux situations, des inaptitudes à agir dans des conditions données, des compulsions à commettre des actions regrettées après coup, ou des désordres physiologiques.

Même dans un ordinateur, des erreurs logicielles peuvent endommager les composantes mécaniques : surchauffe du processeur.

On pourrait faire des comparaisons entre les pannes d'ordinateur et les "pannes" humaines :

Pas de connexion réseau = Je n'arrive plus à communiquer avec les autres ou l'environnement, je suis replié(e) sur moi-même

Fichier corrompu, impossible à ouvrir = Troubles de mémoire

L'ordinateur est lent, rame = Manque d'énergie

Surchauffe du processeur = Énervement, stress

Plantage d'un logiciel = Incapacité de résoudre une situation, indécision, blocage

Crash système = Dépression

L'ordinateur ne redémarre plus = Cloué au lit, malade

Logiciel incompatible = Mode de pensée inadapté aux situations de vie

Besoin de mise à jour = Nécessité de remettre en question ses schémas de pensée ou des informations inadéquates

Souris ou clavier ne répondent plus = Perte de volonté

Écran bleu avec message d'erreur = Rumination sur un problème insoluble

Brèche de sécurité, absence de pare-feu ou d'antivirus = Incapacité à se protéger contre les personnes toxiques, les mauvais conseils

Infecté par un virus, ou "cheval de Troie" = Accepté des informations erronées qui mettent du désordre dans les capacités logiques, aboutissant à une incapacité de résoudre les problèmes

Etc.

Ce ne sont que des analogies et, heureusement ou malheureusement pour nous, l'esprit humain est plus complexe qu'un ordinateur. Notamment parce qu'un être vivant possède des qualités dont une machine est dépourvue : libre arbitre, imagination, aptitudes créatrices, capacité de s'autoréparer ou de réécrire ses programmes, etc.

Cette complexité fait qu'aucune théorie, philosophie ou méthode scientifique n'est parvenue à résoudre les problèmes humains de façon systématique, scientifique. La quantité de paramètres, opérations, calculs est telle que les résultats dépendent de qualités subtiles comme l'intelligence et l'intuition du praticien. Prenez deux professionnels utilisant, en théorie, la même technique, et vous obtiendrez des résultats différents sur les mêmes sujets. Avec des écarts notables, allant du franc succès au désastre.

"Alors, tu as été voir cette thérapeute que je t'ai recommandée ? Elle est géniale, pas vrai ?

— Bah, non, ça ne m'a pas aidé… plutôt l'inverse."

Un ordinateur possède deux aspects, le hardware (matériel "dur", mécanique, machine) et le software (matériel "doux", logiciel, programme, instructions codées).

Comme la plupart d'entre nous, informaticiens en herbe, pouvons nous en rendre compte, lorsque surviennent des problèmes avec nos ordinateurs, dans bien des cas, les causes relèvent non pas du hardware (machine), mais du software (logiciels, programmes).

Logiciel comme "logique".

Beaucoup d'utilisateurs d'un ordinateur commettent des erreurs qui causent des pannes : télécharger et installer des programmes incompatibles ou mal écrits, aller sur des sites Internet "à risque", ne pas faire la maintenance régulière, ne pas utiliser un pare-feu et un antivirus performants, ne pas faire les mises à jour du système d'exploitation (Windows ou autre), supprimer des fichiers nécessaires, mauvaises manipulations, etc.

Certaines personnes pensent que puisqu'il ne s'agit que de pensées, d'idées, autant dire du vent, on peut recevoir n'importe quelle information sans risque. Après tout, c'est immatériel, abstrait, pas vraiment "réel". Cette conception permet d'accepter toutes sortes d'idées, informations, théories à propos de soi-même, sa vie, son comportement, sans se rendre compte que leur "téléchargement" (acceptation) aboutit à une détérioration de ses modes de pensée (software), puis de sa santé (hardware).

Les fausses idées ne sont pas anodines. Elles ont un pouvoir destructeur, sur le plan mental et physique.

Tout désordre mental ou physique est précédé par l'acceptation d'idées fausses. On le voit constamment. Explication donnée par une source "fiable" ou "autorité", mais qui ne résout rien ou aggrave la situation ; interprétation faite par soi-même, basée sur une information incorrecte ; théories ne produisant aucun résultat concret ; attribution d'un problème à des causes inexactes ; "analyses" psychologiques débouchant sur davantage de mal-être ou une dégradation physique accrue.

Avec un ordinateur, trouvez le logiciel responsable des plantages, désinstallez-le, ou supprimez le virus ou le programme malveillant, et la machine se remet à bien fonctionner.

Pour un être humain, la personne doit se débarrasser de ces informations erronées, mensonges, idées fausses qu'elles a intégrées à un moment ou un autre, et qui ne lui correspondent pas, ne s'appliquent pas à sa personnalité authentique. Un coach peut l'aider, fournissant une oreille attentive, mais au bout du compte, c'est à elle-même de décider ce qui lui correspond vraiment, ce qu'elle ressent comme vrai, en son for intérieur :

"Ça, non, en fait, je l'ai cru, mais non, ça ne résout rien, et cette pensée m'est désagréable…" [FAUX]

"Est-ce que ça fait partie de mon vrai caractère ? Je ne sais pas trop, j'hésite…" [FAUX]

"Cette pathologie s'applique-t-elle dans mon cas ? Euh… peut-être." [FAUX]

"Ce point de vue me parle… je me sens bien avec cette idée." [VRAI]

Au Moyen Âge, on schématisait ces débats vocaux intérieurs par l'allégorie d'une lutte entre "l'ange gardien" de la personne (sa bonne conscience) et les "démons". En réalité, ni "l'ange gardien" ni "les démons" ne sont la personne elle-même, le champ de conscience central, nos aïeux auraient dit "l'âme", dotée de libre arbitre.

Plus que les réflexions et cogitations (des voix mentales), c'est le RESSENTI INSTANTANÉ de la personne qui permet de faire le tri. Mais souvent, elle est si empêtrée dans la confusion de ces voix qu'il est étouffé, bloqué, amoindri.

On est stupéfait de voir le nombre d'informations, interprétations, explications, théories inapplicables que les gens acceptent sans les remettre en question. Alors qu'au fond d'eux-mêmes, quand ils prennent le temps de les considérer avec un œil neuf et plus de vigilance, ils s'aperçoivent que non seulement elles ne leur apportent rien, mais qu'elles contribuent à mettre le bazar dans leur esprit et leurs émotions.

Notre société "moderne" n'a jamais autant compté de psychiatres, psychanalystes, psychologues, dans tous les domaines, administratifs, professionnels ou thérapeutiques. Partout, dans l'éducation, les milieux professionnel, juridique, carcéral, etc. Jamais la population n'a été autant instruite des théories, enseignements, doctrines professées par ces disciplines : "Je suis bipolaire", "Il/elle a un trouble d'hyperactivité avec déficit d'attention" (THADA), "J'ai le syndrome du survivant" (suite à un deuil), "Je fais de l'agoraphobie, de la claustrophobie", "Elle est anorexique", "Boulimique", "Comportement antisocial de l'enfant, de l'adolescent, de l'adulte", "Déclin cognitif lié à l'âge", "Dépression périnatale, saisonnière", "hypomanie", etc., etc. Pour une liste plus exhaustive, consultez la Liste des troubles mentaux sur Wikipédia.

Jamais, non plus, la population ne s'est autant gavée de substances psychotropes, antidouleurs, calmants, somnifères, neuroleptiques, drogues récréatives, toxiques pour la plupart, afin "d'aller mieux". Ce qui équivaut à tenter de réparer le hardware (machine) pour résoudre des problèmes de software (logiciel), avec un extincteur. Ça refroidit la machine, pendant un temps. Demandez à un informaticien ce qu'il pense de refroidir les composants d'un ordinateur avec de la neige carbonique.

Cela demande des capacités logiques pour constater l'inefficacité d'une "solution" et la remettre en question. Sans parler du courage de se tourner vers des méthodes qui ne jouissent pas d'une reconnaissance par la majorité, au risque que des personnes de son entourage froncent les sourcils face à cette démarche hérétique.

On pourrait d'ailleurs se poser cette question : les progrès scientifiques, humains, sociaux, furent-ils l'œuvre d'une "majorité" qui suivait le courant de son époque, ou d'une minorité d'individus qui surent s'écarter des sentiers battus et faire preuve de créativité ?

D'un autre côté, si une personne était capable de penser clairement, elle n'aurait pas autant de problèmes. Comme pour les mathématiques ou la physique, la rationalité (logique, intelligence) détermine la capacité à trouver les inconnues pour résoudre les équations de vie.

De plus, les substances psychotropes, de l'alcool aux drogues, en passant par les antidépresseurs, n'ont pas pour objectif d'aider une personne à penser clairement. Leur fonction est plutôt de l'empêcher de penser ou de ressentir, en faisant barrage aux informations, mentales ou physiques. Malheureusement, moins elle est capable de penser ou percevoir, moins elle est lucide et apte à résoudre ses problèmes, ce qui l'amène par la suite, une fois sevrée ou à jeun, à les ruminer davantage. Les drogués connaissent bien ce phénomène de down après un high, la "redescente".

Ces assommoirs sont censés faire taire les voix mentales, étouffer les émotions, sensations, perceptions. Mais en anesthésiant ces fonctions naturelles, la personne perd aussi ces qualités qui font d'elle un être vivant, sensible, émotif. Le "ressenti instantané" dont je parlais plus haut y laisse des plumes.

Un esprit alerte, débarrassé de l'intox médiatique ambiante sur les drogues, récréatives ou pharmacologiques, dans un corps qui n'est pas empoisonné par ces "remèdes" boomerang, peut se sortir de cet engrenage. À contre-courant avec notre Meilleur des mondes, il lui faudra redevenir un libre-penseur, dans tous les sens du terme.
“Et je peux tout à fait prédire que la prochaine génération ou la suivante seront témoins de méthodes pharmaceutiques qui feront aimer aux gens leur servitude, et produiront… une sorte de camp de concentration sans douleur pour des sociétés entières, si bien que les gens seront privés de leurs libertés, mais qu’ils aimeront cela, parce qu’ils seront privés de tout désir de se rebeller par la propagande, le lavage de cerveau, ou le lavage de cerveau agrémenté de méthodes pharmacologiques.”
Aldous Huxley
Conférence à l'École de médecine de Californie (1961)

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